Boisbouscache
territoire sous influence


80’ | Versions française et sous-titrée anglaise | 4K

Le TNO (Territoire non organisé) Lac-Boisbouscache est une forêt publique de 150 kilomètres carrés située entre Rivière-du-Loup et Rimouski dans la région du Bas-st-Laurent au Québec, Canada.

Ce territoire ancestral de la première nation malécite-de-viger est aujourd’hui un bien commun puisque comme le proclame le gouvernement, la forêt publique appartient à tous les Québécois.

Enfin tous… C’est vite dit !

Sous le regard des résidents et usagers de la forêt, le film brosse le portrait d’un territoire convoité depuis longtemps par des groupes privés aux intérêts divers.

Boisbouscache est une histoire de dépossession à partir des usages commerciaux en vigueur aujourd’hui combinée à l’absence de toute volonté politique.


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Monde


 

MOT DU RÉALISATEUR

Pour résumer mon parcours, je cite :

Je suis parti avec des questions d’artiste pour me retrouver avec des questions de citoyen.
– René-Daniel Dubois

De l’automne 2017 au printemps 2021, nous avons suivi la métamorphose physique et géographique d’un territoire connu sous le nom de TNO (territoire non organisé) Lac-Boisbouscache, localisé dans la MRC des Basques située entre Rivière-du-Loup et Rimouski, dans le Bas-Saint-Laurent.

Le TNO Lac-Boisbouscache est une immense forêt publique de 150 km carrés. C’est donc, en principe et selon la loi, un bien commun qui appartient à tous. Pourtant, en allant sur le terrain pour en découvrir sa spécificité et son histoire, on découvre une réalité bien différente qui s’apparente à une dépossession territoriale légalisée par des magouilles politiciennes d’une autre époque. Cette dépossession s’opère au détriment de la population locale comme des droits ancestraux de la première nation malécite de Viger présente sur ce territoire depuis des millénaires.

Pour avoir vécu plusieurs années dans ce coin de pays, je connais depuis longtemps la présence sur ce territoire, pourtant public, d’un club privé y possédant des droits exclusifs et perpétuels de chasse et pêche acquis en 1956.

Le club Appalaches, dont le siège social se situe en Estrie, exerce chaque automne ses droits de chasse et pêche pour une poignée de membres et quelques centaines de bienheureux invités sélectionnés sur le volet.

Pendant des années, les gardiens du club ont entretenu un climat de terreur auprès d’une population mal informée sur ses droits d’accès au territoire public.  Des barrières ont été installées sur les chemins menant à la forêt, des poursuites juridiques ont été engagées pour empêcher les citoyens de venir chasser.

En 2016,  j’ai appris qu’après une suite de négociations avortées,  la situation n’avait pas évolué. J’ai eu envie de retourner sur les lieux pour donner une voix aux citoyens et mettre sous les projecteurs un mode de fonctionnement longtemps protégé par une omertà généralisée.

Historiquement, cette forêt fait partie intégrante du territoire ancestral revendiqué par la première nation malécite de Viger, la plus petite communauté amérindienne reconnue par Québec en 1989.  

Vers la fin du XIXe siècle, après avoir été chassés du territoire sous la pression des premiers colons impatients de défricher et d’exploiter les terres, les Wolastoqiyik sont provisoirement parqués dans des réserves dont les superficies seront rapidement convoitées par de nouveaux défricheurs.

En raison de leurs droits ancestraux sur le TNO Boisbousache, les wolastoqiyik sont actuellement les seules personnes, à l’exception des membres et invités du club privé, à pouvoir venir chasser sur ces terres.

Jusque-là difficile d’accès en raison des chemins forestiers non entretenus, la physionomie du territoire Boisbouscache est drastiquement bouleversée en 2017 par la création de cent kilomètres de routes pour rendre possible l’implantation d'un immense parc éolien.

C’est de loin, le plus gros chantier jamais entrepris dans la région, un projet qui, espère-t-on alors, va rebattre les cartes entre les différents joueurs implantés sur le TNO...

En faisant miroiter aux municipalités concernées des redevances annuelles assurées pour les vingt-cinq prochaines années, les promoteurs privés vendent un projet à des populations qui n’ont jamais reçu l’information nécessaire pour se prononcer en connaissance de cause.

Pour comprendre cette façon d’exploiter les ressources naturelles des régions où les pertes se révèlent trop souvent plus importantes que les gains, il faut se rappeler comment les régions sont envisagées par le gouvernement provincial : principalement et presque exclusivement en fonction du potentiel d’exploitation des ressources naturelles (mines, forêts) qu’on y trouve, en faisant abstraction des besoins comme des spécificités des populations qui les habitent.

L’histoire du territoire Boisbouscache révèle un état de droit qui fonctionnerait de façon aléatoire plus souvent en faveur d’intérêts privés que pour le bien commun.

Ultimement le film questionne notre rapport au territoire comme à la protection de l’environnement confrontés aux besoins de développement économique dans une des plus belles régions du Québec qui demeure à ce jour une des plus démunies.

Parce que la forêt, même surexploitée, évoque toujours un territoire un peu mythique où il fait bon se perdre, nous sommes partis nous égarer dans le TNO Boisbsoucache pour mieux le trouver. Sachant aussi que parfois on entre dans la forêt comme on entre en communion avec une belle partie de l’inconscient collectif.

– JEAN-CLAUDE COULBOIS, RÉALISATEUR


BIOGRAPHIE DU RÉALISATEUR

Né à Paris, Jean-Claude Coulbois vit et travaille au Québec depuis 1968.

Alternant la pratique du montage documentaire et fiction (HIGELIN de Pierre Barouh,  LETTRE À MON PÈRE, CAP TOURMENTE de Michel Langlois) et la réalisation, il entreprend à partir de 1995 une série de films questionnant diverses facettes de l’identité québécoise à travers les liens qui unissent le théâtre de création et l’évolution de la société.

Au fil des ans, cette production explore différentes formes de cinéma direct : du court-métrage JOYEUX NOËL, JULIE (1997) à partir d’un texte d’Yvan Bienvenue au long-métrage documentaire UN MIROIR SUR LA SCÈNE (1997), regard rétrospectif en deux volets sur l’émergence théâtrale dans le Québec des années 60 jusqu’au tournant du siècle.

Par la suite, il parcourt LE TERRITOIRE DU COMÉDIEN (1999) avec le comédien Jean-Louis Millette avant de suivre le cheminement créatif vécu par un groupe d’acteurs durant les répétitions de Messe solennelle pour une pleine lune d’été, un texte de Michel Tremblay mis en scène par André Brassard, à travers une chronique documentaire, LA NAISSANCE D’UNE MESSE (2002).

La même année, il adapte pour la télévision un texte rare de Françoise Loranger, LA DAME DE CENT ANS, où il dirige Huguette Oligny et Catherine Allard.

Parallèlement, il suit dès 1995 la démarche artistique et intellectuelle de René-Daniel Dubois, comédien, metteur en scène, dramaturge, traducteur et polémiste québécois dans ce qui deviendra UN SUR MILLE (2005), où il relate le singulier parcours d’un homme aux divers talents qu’il exerce avec la même acuité tant dans la création que dans la recherche sur les fondements et la pratique de la culture, de l’histoire et de la politique au Québec.

« Je suis parti avec des questions d’artiste pour me retrouver avec des questions de citoyen. » Ces mots de René-Daniel Dubois pourraient résumer l’ensemble de ses films traitant de l’identité, de la culture et de la mémoire au Québec avec l’intuition qu‘aujourd’hui, les identités ne se définissent plus par des positions mais par des parcours.

En 2007, il sort le coffret livre-dvd UN SUR MILLE - Dits et Inédits. La même année, il présente UN SOIR, LES ALBERTINE…, un film de 26 minutes tourné avec la complicité de quelques-unes des meilleures comédiennes du Québec dans une distribution réunie par Martine Beaulne.

En 2012, il signe un documentaire (commencé en 1996) sur Robert Gravel : MORT SUBITE D’UN HOMME THÉÂTRE et publie l’année suivante le dvd du film accompagné de trois heures trente d’inédits. En 2013, il préface la publication de THÉRÈSE, TOM ET SIMON… (Dramaturge éditeur) , la dernière œuvre théâtrale de Robert Gravel.

En 2015, il réalise NOUS AUTRES, LES AUTRES, troisième volet de la trilogie UN MIROIR SUR LA SCÈNE qui reçoit le prix de la meilleure œuvre canadienne au FIFA 2016.

En 2019, pour le vingtième anniversaire de la disparition du comédien Jean-Louis Millette, il termine “THE DRAGONFLY OF CHICOUTIMI”, une captation tournée en 1999 du spectacle écrit et mis en scène par Larry Tremblay interprété par Jean-Louis Millette qui devait décéder accidentellement quelques semaines après le tournage.


FILMOGRAPHIE

2022 BOISBOUSCACHE 

2019 THE DRAGONFLY OF CHICOUTIMI 

2016 NOUS AUTRES, LES AUTRES 

2012 MORT SUBITE D’UN HOMME THÉÂTRE 

2006 UN SUR MILLE 

2002 LA NAISSANCE D’UNE MESSE

2002 LA DAME DE CENT ANS

2000 LE TERRITOIRE DU COMÉDIEN 

1997 UN MIROIR SUR LA SCÈNE | 2E PARTIE : LE QUESTIONNEMENT 

1997 UN MIROIR SUR LA SCÈNE | 1E PARTIE : L’AFFIRMATION

1978 RETOUR AU PAYS D’EN BAS